mardi 4 novembre 2008

Casino Royale au bar

Alors que sort en ce moment Quantum of Solace, le nouveau James Bond, je continue à avoir deux ans de retard sur tout le monde en ayant regardé ce soir Casino Royale, sa préquelle. Car pour la première fois dans la plus vieille (certains diront vieillissante) saga du cinéma, deux épisodes se suivent directement.


Casino Royale donc, c'est un peu le reboot de la franchise, comme c'est la mode depuis quelques années. Et qui mieux que celui qui a déjà rebooté la franchise pour faire le boulot ? C'est donc Martin Campbell, le réalisateur de l'excellent Goldeneye qui s'y colle, et de fort belle manière.


Pour dépoussiérer 007, les producteurs se sont bizarrement intéressés au tout premier roman écrit par Ian Fleming, pourtant déjà adapté par deux fois. On assiste donc au début de carrière de l'agent pas si secret que ça, qui vient d'obtenir son permis de tuer. On le voit faire des erreurs, être arrogant, s'en prendre plein la gueule, avoir des sentiments. Et c'est là que réside la grande idée du film : montrer Bond sous un nouveau jour, qu'on lui connaît peu. Un agent pas encore mûr, qui raisonne encore avec son cœur et ses tripes, plutôt qu'avec son cerveau et sa bite, comme le veut la tradition.


Il fallait une nouvelle tête pour incarner ce Bond naissant et bourru. Le choix s'est porté sur Daniel Craig, un blondinet aux yeux bleus qui a de la gueule, du muscle et du répondant. Si j'avais du mal à le voir dans le rôle, mes doutes se sont évaporés au long du film. Pour ce qui est de la James Bond girl, titre qui pour une fois n'est pas usurpé au vu du scénario, c'est la sublime Eva Green qui tombe dans les bras de James. Une femme à la hauteur de l'espion, la scène de leur rencontre étant une belle confrontation psychologique, prélude au cœur du film : une longue partie de poker qui se passe dans... un casino, bravo monsieur, vous gagnez une peluche.

Casino Royale casse toutes les conventions de la saga ou presque, et ce n'est pas pour me déplaire. Celle que l'on retiendra est évidemment celle du Martini. A la question "Au shaker ou à la cuillère ?", Craig lâche froidement : "Est-ce que j'ai l'air d'en avoir quelque chose à foutre ?". La plupart des clichés mis à mal par le film sont répertoriés sur Wikipedia.


Qu'en est-il du scénario et du grand méchant ? De ce côté là, c'est plutôt correct. Le Chiffre, un banquier gérant l'argent de terroristes, rachète les actions d'une compagnie aérienne qu'il compte mettre en faillite grâce à un attentat sur leur dernier prototype en date. Attentat empêché par James Bond, évidemment. Le Chiffre, au lieu de la plus-value espérée, a perdu plus de 100 millions de dollars. Poursuivi par ses créanciers peu recommandables, il organise alors une partie de poker avec un droit d'entrée a plusieurs millions pour récupérer la mise.


Si le film se concentre principalement sur cette partie haute en couleurs, les scènes d'action ne sont pas en reste. Plus réalistes, plus nerveuses, proches de celles de Jason Bourne, mais avec une différence de taille : on comprend ce qui se passe. Le cadrage est serré mais pas trop, le montage nerveux, mais pas clipesque. La réalisation reste sobre, carrée et efficace durant tout le métrage. Mention spéciale à la poursuite post-générique, absolument dantesque.

Bref j'ai été agréablement surpris par l'ensemble : cohérent, efficace, n'hésitant pas à tourner en dérision des bases bien établies, et remettant 007 dans un contexte plus moderne, une perspective plus humaine. Seul l'aspect spot de pub durant deux heures m'a passablement agacé, tellement il est visible et appuyé. Même l'agent le moins secret du monde a parfois besoin d'être sponsorisé.

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