mercredi 24 février 2010

99 francs seulement

Histoire de remettre le pied à l'étrier après plusieurs mois sans rien écrire, on va y aller doucement et parler ciné.

Je viens donc de visionner 99F(rancs), l'adaptation du bouquin de Beigbeder par Jan Kounen.

Précision importante : je n'ai pas lu le livre avant de voir le film. Mais ça ne pose pas vraiment de problème, c'est même plutôt plaisant de découvrir le scénario vierge de toute référence.

Le résumé d'Allociné, parce que j'ai la flemme :

Octave est le maître du monde : il exerce la profession de rédacteur publicitaire. Il décide aujourd'hui ce que vous allez vouloir demain. Pour lui, "l'homme est un produit comme les autres". Octave travaille pour la plus grosse agence de pub du monde : Ross & Witchcraft, surnommée "La Ross". Il est couvert d'argent, de filles et de cocaïne. Pourtant, il doute.
Deux événements vont bouleverser le cours de la vie d'Octave. Son histoire d'amour avec Sophie, la plus belle employée de l'agence, et une réunion chez Madone pour vendre un film de pub à ce géant du produit laitier. Le doué Octave déjante alors et décide de se rebeller contre le système qui l'a créé, en sabotant sa plus grande campagne.
Ce résumé ne mentionne pas le point le plus important et le plus intéressant du film : le décodage mais surtout la critique hargneuse et le dynamitage en règle du monde de la publicité. Même si le bouquin est sorti il y a dix ans, le propos reste plus que jamais d'actualité.

Le film en lui-même est une réussite sur bien des plans.
Le casting, déjà : Dujardin est parfait tout du long, l'évolution du personnage est bien visible, et le fait qu'il soit également narrateur permet de s'immerger davantage. Le reste des acteurs jouent leurs rôles millimétrés comme il faut. Le compère de Dujardin, Jocelyn Quivrin, tragiquement décédé il y a quelques mois, est parfait en sidekick désabusé.

Pour ce qui est de la technique, le film est une perle d'inventivité visuelle, avec des fausses pubs qui servent à séparer les différents parties, et un montage qui alterne plans d'école et frénésie épileptique lorsque Octave part en bad trip, avec hallucinations à la clé. Le métrage joue à fond sur son sujet en s'auto-parodiant et en jouant avec les codes de la pub. Et cela jusque dans la fin elle-même, mais je n'en dis pas plus.



Le scénario remanie l'histoire du livre mais en garde les grandes lignes. Le rythme du film est bon, Octave rebondit pour toujours retomber plus bas, en profitant au passage pour écorner toujours plus le monde qu'il adore tant mais qu'il déteste au fond. L'imagerie de Kounen n'est d'ailleurs pas gratuite et sert totalement les délires du personnage. On sent d'ailleurs clairement l'inspiration de Fight Club, avec les caméos de Beigbeder en prime.

Bref Jan Kounen livre une adaptation réussie, en mettant en images de façon bluffante et pertinente un scénario d'un cynisme à toute épreuve. Un film équilibré, efficace et maîtrisé qui m'a bien plu.

1 commentaire:

Ali a dit…

Super article.
And now... go read the book. C'est une perle. :)